Extrait : Peuple et Culture Nord / Pas-de-Calais

  En 1959, à l’initiative de Fred Thébaud,
  est créée l’association Peuple et Culture Nord,
  son modèle de référence étant le groupe de Corrèze.

L’équipe de départ, composée de bénévoles, mène des actions, principalement autour du cinéma. Par la suite, le groupe s’étoffe et se structure dans la région de Lens. Le premier poste national de MAD est attribué à PEC Nord en 1968, en la personne de Gérard Mlékuz.

A partir de 1970, Pec Nord va jouer un rôle important dans le pays minier de Sallaumines/Noyelles-sous-Lens. Ainsi, l’association contribue à la conception et à l’animation du premier festival culturel et sportif de la ville de Sallaumines.
Pour la première fois dans cette commune minière sont exposées des œuvres d’art, celles de Henri Cueco.
Puis l’année 1971 marque le lancement de l’Action collective de formation de Sallaumines-Noyelles.

  Quelques précisions sur cette action d’éducation permanente en milieu ouvrier 
  qui reste, dans l’histoire de Pec Nord, la réalisation la plus innovante et la plus exemplaire. 

Inspiré du modèle de Bertrand Schwartz, elle est initiée conjointement par quatre partenaires :

  • Peuple et Culture Nord,
  • le Centre Université-Economie d’Education Permanente (C.U.E.E.P.),
  • la municipalité
  • et un lycée d’enseignement technique.

Gérard Mlékuz en devient le premier directeur.

La loi de juillet 71 sur la formation professionnelle continue offre aux organisateurs une opportunité sans précédent : le congé formation va permettre aux salariés qui le désirent de suivre, pendant 160 heures, une formation sur leur temps de travail. Cette possibilité constitue une aubaine pour ce territoire très défavorisé, caractérisé par une forte population ouvrière, une faible alphabétisation [1] et des relations sociales très traditionnelles [2]
L’objectif est donc, pour les militants impliqués dans le projet, de réduire les inégalités devant le savoir et de réconcilier le monde ouvrier et l’éducation ou, pour reprendre la formule de Gérard Mlékuz, de “rendre l’éducation au peuple et le peuple à l’éducation”.
Il y a également, pour Peuple et Culture Nord, le souci de mener une véritable action d’éducation populaire, notamment en mettant en relation éducation permanente et développement culturel.

L’ACF de Sallaumines-Noyelles n’a pas toujours été facile, elle s’est heurtée à de nombreuses résistances, mais, dans l’ensemble, le bilan a été positif. Ce succès est d’abord le fruit des efforts d’imagination et de conviction d’une équipe très motivée qui a su inventer des outils pédagogiques innovants et appropriés. Il est aussi le résultat d’une forme de gestion participative qui a permis de rassembler, autour de ce projet éducatif, toutes les “forces vives” d’un milieu : élus, syndicats, patrons, administrateurs, associations, avec, à leur service, le CUEEP rejoint ensuite par le GRETA. L’éducation permanente devenait alors l’affaire de tous, y compris celle des “usagers”. L’année suivante, c’est la création du Centre régional de formation ouvrière (CREFO) à l’initiative d’un syndicat (la CFDT) et de trois mouvements d’éducation populaire : Culture et Liberté, Léo Lagrange et PEC Nord.

 En 1975, PEC Nord achète un local et s’installe à Villeneuve d’Ascq
 tout en maintenant une antenne à Sallaumines.

L’association développe alors des activités dans le domaine de l’audio-visuel. Puis, à partir de 1983, progressivement, les anciens partent et l’activité de l’association se réduit pour se centrer de plus en plus sur le secteur de la communication audio-visuelle : soutien à la production, formation, réalisation de documents éducatifs ou institutionnels.
A partir de cette spécificité, le groupe intervient cependant dans différents modules de formation, notamment à l’intention de jeunes et de travailleurs sociaux, organisés par d’autres structures.

 Au début des années 90, Peuple et Culture Nord, 
 ne parvenant pas à recréer une dynamique associative au-delà du secteur audio-visuel, 
 est contraint de licencier les deux derniers permanents.

Les tentatives de définition et de mise en œuvre d’un projet de redéploiement, malgré l’embauche d’une déléguée régionale en ce sens, se soldent par un échec. Mise en sommeil, reposant sur des forces militantes en déclin, l’association finit par s’éteindre.
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Cathy Vivodtzev


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Notes

[1] alphabétisation: 60% de la population n’a pas de Certificat d’études primaires

[2] relations sociales: 12% des femmes sont salariées alors qu’à cette époque le pourcentage national est de 36%